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soulevèrent des objections sans nombre de la part des populations qui se disaient ou se trouvaient lésées. Des pétitions très-vives furent adressées au Sénat, qui, après discussion publique, estima qu’il n’y avait pas lieu d’en tenir compte. La Vanne est à 173 kilomètres 83 mètres de Paris ; les travaux sont en partie achevés, et, en visitant l’aqueduc d’Arcueil, nous avons vu quelle grandiose apparence ils revêtent parfois. La Dhuis est moins éloignée, mais elle est cependant encore à une distance de 130 kilomètres. Nous la buvons, car elle a fait son entrée solennelle à Paris le 15 août 1865. Pour arriver jusqu’à nous, elle traverse 104 178 mètres d’aqueduc en tranchée, 9 572 mètres d’aqueduc souterrain et 17 130 mètres de siphons en fonte. Elle aboutit aux réservoirs de Ménilmontant, creusés sur la hauteur, près de la rue Haxo de sinistre mémoire, à côté de l’ancien parc Saint-Fargeau, où Chappe fit les premières et concluantes expériences de télégraphie aérienne. Cette colline est affreuse, couverte de masures, mal percée de chemins bordés de haies, d’aspect misérable et déplaisant.

On franchit une porte et l’on se trouve dans une prairie, large plateau d’où la vue embrasse un immense paysage sillonné d’un ruban d’argent qui est la Seine. Sur l’herbe drue nul arbre n’a poussé, mais çà et là, à des distances régulières, on aperçoit de grandes plaques en verre très-épais, serties dans un cadre circulaire en pierre : ce sont des hublots, fenêtres qui laissent parvenir un peu de jour à l’eau de la Dhuis, car cette prairie verdoie sur la voûte même du réservoir, auquel elle sert de toiture. Une grotte en rocaille, dont la disposition un peu puérile ne répond pas à la grandeur des travaux accomplis, donne accès dans une longue galerie creusée d’un canal où coule la Dhuis, qui sort d’un aqueduc souterrain, portant dans l’œuvre