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le milieu de la place du village ; elle porte une inscription rappelant qu’elle a été édifiée sous le règne de Louis XIIII (sic), pendant que Le Féron était prévôt des marchands. Là, dans l’intérieur, après avoir gravi un étroit escalier de bois accolé à la muraille, on se trouve dans la chambre de jauge. De petits bassins en plomb semi-circulaires, superposés, reçoivent l’eau et, par une série de chutes calculées, lui rendent sa pente normale ; elle passe par des trous qui ont un pouce de diamètre et servent à la mesurer ; quelques petits récipients carrés, percés d’une étroite ouverture, représentant une ou deux lignes, déterminent le volume attribué à des concessions particulières.

C’est la vieille jauge de nos pères ; elle sera certainement remplacée quelque jour. Que l’on se garde bien de la détruire ; elle est un spécimen curieux de nos anciens usages, et, comme telle, elle doit trouver sa place dans un de nos musées, dans ce musée dont tous les éléments existent déjà, disposés chronologiquement par catégories admirablement combinées, et qu’il faut espérer voir sortir intact et complété des chambres ignorées où il est actuellement relégué dans une vieille maison du quai de Béthune. Rien ne serait plus intéressant que de réunir dans un local spécial et approprié tous ces vieux témoins de notre histoire urbaine[1].

Cette eau des sources du Nord, dont le drainage fut célébré par nos ancêtres, n’est plus jugée digne de désaltérer les Parisiens, à qui l’on offre une boisson bien autrement pure et abondante. Jadis on a bâti des fontaines pour la recevoir, et nous avons vu que François Ier en sollicitait quelque peu pour un de ses fa-

  1. Une partie des objets réunis quai de Béthune, dans le vieil hôtel Bretonvilliers, a été portée au musée municipal de l’hôtel Carnavalet ; une autre partie, que l’administration a jugé inutile de conserver, a été vendue aux enchères publiques (1875).