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sécheresse, elle est tombée à 40. L’eau que l’on recueille ainsi n’est point irréprochable : elle est très-chargée de carbonate et surtout de sulfate de chaux ; elle est rêche à boire, impropre à la cuisson des légumes, qu’elle durcit, et réfractaire au savon ; c’est bien elle qui produit « la maubuée ».

De distance en distance, on a élevé des regards, espèces de chambres où aboutissent et d’où partent les conduites ; l’eau y fait relais dans un bassin et s’écoule ensuite vers la direction des fontaines qu’elle doit desservir. À Belleville, elle chemine sur une gouttière en plomb, où elle laisse après elle un dépôt calcaire adhérent ; les pierrées ne sont point belles : très-basses de voûte, d’aspect triste et misérable, elles ressemblent à de vieux égouts ; une vase blanchâtre encombre les barbacanes et l’on ne sait guère où mettre les pieds. En revanche, on a essayé de donner au regard une apparence monumentale : il a l’air d’un mausolée ; une sorte de rotonde à jour, soutenue par des colonnettes, le surmonte et lui a valu le nom inscrit au-dessus de la porte : « la Lenterne. » Il est remarquablement bâti en fortes pierres de taille qui, sur le toit, s’agencent comme d’énormes tuiles ; c’est massif et brutal. Les lichens se sont collés aux parois et leur font un vêtement de deuil.

Les regards des Prés-Saint-Gervais sont construits dans le même appareil ; ils se dressent à mi-côte, comme des tombeaux au milieu des ruines, car ils touchent presque aux fortifications, et ils sont entourés par les décombres des maisonnettes que l’on a démolies sur la zone militaire au moment où les armées allemandes prenaient position sur les hauteurs du Raincy. Tous ces regards ont subi parfois des réparations complètes ; les plus importantes datent du siècle dernier : sur celui du Bernage, j’ai lu la date 1743. Les eaux des Prés-Saint-Gervais sont centralisées à la fontaine qui occupe