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sollicité par des passions qui ne laissaient guère le loisir de s’intéresser aux questions de salubrité ; bien des projets furent présentés cependant, mais c’est à peine s’ils furent examinés avant d’être repoussés et Paris en était, sur presque tous les points, réduit à « la sangle » des porteurs d’eau qui allaient puiser l’eau en rivière. Le Consulat, dès qu’il fut établi, s’occupa avec empressement de pourvoir à tout ce qui était nécessaire à l’alimentation de la grande ville. La question fut reprise dans tous les détails, approfondie par des hommes compétents, en dehors de toute ingérence des financiers ; les projets qui avaient été mis en avant furent consultés, on entreprit des travaux topographiques sérieux, et enfin on s’arrêta à l’idée de dériver les rivières de la Beuvronne et de l’Ourcq pour les amener à Paris par une large tranchée à ciel ouvert qui serait à la fois aqueduc et canal de navigation. La prise d’eau devait être effectuée sur la lisière des départements de l’Oise et de l’Aisne, au bief du moulin de Mareuil, à 96 kilomètres de Paris. Le décret approbateur est du 29 floréal an X (19 mai 1802). Un second décret du 1er vendémiaire an XI (23 septembre 1802) prescrit l’ouverture des travaux, charge le préfet de la Seine de les administrer, et en confie l’exécution aux ingénieurs des ponts et chaussées.

En 1809, le canal, terminé jusqu’à la Beuvronne, se dégorgeait dans le bassin de la Villette nouvellement creusé ; 10 000 ou 12 000 mètres cubes d’eau potable étaient mis à la disposition des Parisiens[1]. Ils en profitèrent dans une mesure que des chiffres officiels nous permettent d’apprécier. En 1800, les abonnements d’eau rapportaient à la ville une somme annuelle de 385 francs ;

  1. Le projet ne reçut une complète réalisation qu’entre 1822 et 1830, lorsque les canaux de l’Ourcq, de Saint-Denis et de Saint-Martin eurent été creusés.