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d’utiliser les échafaudages du moulin pour organiser quatre pompes aspirantes et foulantes qui donneraient à Paris un produit quotidien de quarante pouces ; en même temps, un certain Guillaume Fondrinier, qui n’était que le prête-nom de Jacques de Mance, trésorier de la fauconnerie, offrit de construire, à un second moulin du même pont Notre-Dame, huit corps de pompes qui élèveraient cinquante pouces, qu’on pourrait, avec quelques ouvrages supplémentaires, porter facilement à cent. La ville accepta ; Jolly et de Mance se mirent à l’œuvre chacun de son côté ; le travail était terminé en 1671. Les résultats ne furent pas aussi brillants qu’on était en droit de l’espérer, mais ils furent néanmoins considérables, puisqu’ils produisaient 1 600 000 litres, c’est-à-dire quatre-vingts pouces, qui furent reçus dans quinze nouvelles fontaines accessibles au public.

Ces mécaniques hydrauliques étaient bien rudimentaires ; les personnes qui ont vu fonctionner la machine de Marly peuvent se figurer ce que valait ce grossier outillage ; on faisait en réalité plus de bruit que de besogne, et les réparations incessantes coûtaient fort cher. De plus on se plaignait de la qualité de l’eau de Seine, on enviait les eaux d’Arcueil et des Prés-Saint-Gervais, quoique cependant elles soient bien calcaires ; on ne parlait que de nouvelles sources à découvrir ; on sonda les coteaux de Meudon, de Clamart, de Vaugirard, de Châtillon, d’Issy, mais sans succès. On fut forcé de se contenter de ce que l’on avait et l’on resta stationnaire pendant un siècle[1].

Ce n’est pas que les projets fassent défaut ; il ne se

  1. On peut facilement se rendre compte de la disette dont Paris avait à souffrir, en consultant le plan de distribution des eaux que l’abbé de Lagrive a dressé en 1735 ; on y voit les « tuiaux du roy pour les eaux de source, — pour les eaux de Seine, — pour les eaux de source et de Seine, — et les tuiaux de la ville pour les eaux de source, — pour les eaux de Seine. »