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cice 1871 : « Soit que les classes nécessiteuses eussent épuisé le stock des nantissements qu’elles pouvaient offrir, soit qu’elles fussent alimentées aux frais du Trésor — (c’est là la vraie cause) — les demandes d’engagement se raréfiaient de jour en jour. »

Aussitôt que les armées allemandes eurent détendu la ligne d’investissement et que les communications eurent été rétablies entre la France et sa capitale, le Mont-de-Piété reprit son activité ordinaire. Les opérations ne languissaient pas, on retirait les objets précieux engagés au début du siège, l’argent affluait dans les caisses ; on allait pouvoir payer les dettes et reconstituer la réserve, lorsque le 18 mars amena la retraite précipitée du gouvernement et l’introduction à l’Hôtel de Ville d’un gouvernement d’aventure. Les institutions qui, par leur organisation même, étaient contraintes de rester à Paris avaient alors tout à craindre, et le Mont-de-Piété était du nombre.

Dés le 21 mars, on frappa d’interdiction la vente des nantissements périmés, dont la reprise avait été annoncée. Si la mesure était insignifiante par elle-même, elle prouvait que la Commune pensait au Mont-de-Piété, et cela était fort grave. À cette époque, les magasins renfermaient 1 708 547 articles, sur lesquels on avait avancé une somme de 37 502 723 francs ; mais nul n’ignorait que le maximum du prêt avait été abaissé à 50 francs, que par conséquent la valeur d’appréciation restait bien au-dessous de la valeur réelle, qui s’élevait sans doute à bien près de 100 millions. Il y avait là de quoi pousser à une « mesure financière » des hommes qui, tout en détenant le pouvoir, étaient toujours aux abois et bien souvent ne se doutaient pas comment ils feraient face aux difficultés que leur incapacité violente semblait prendre à tâche d’accumuler.

Ce qui sauva le Mont-de-Piété fut précisément l’inco-