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abandonnés parce que l’on y mourait de soif. Il fallut porter remède à cet état de choses, et un édit de Charles VI, en date du 9 octobre 1392, révoqua toutes les concessions privées, excepté celles dont jouissaient les logis du roi et des princes du sang. Un considérant de l’ordonnance royale mérite d’être cité ; il peint l’époque : « Car de tant comme nostre bonne ville de Paris sera mieulx pueplée et habitée de plus de gens, et que nostre dict pueple sera mieulx pourveu de ce qui est nécessaire pour leur sustentation, la renommée d’icelle sera plus grant, laquelle renommée redonde à l’augmentation de nostre gloire et exaltation de nostre hautesse et seigneurie. » C’était le roi alors qui entretenait les réservoirs, les aqueducs et les fontaines ; les municipalités ne sont point encore intervenues : leur rôle va commencer.

Pendant l’exécrable querelle des Bourguignons et des Armagnacs, pendant la longue guerre que nous eûmes à supporter contre les Anglais implantés sur notre sol, on vécut au jour le jour, et l’on ne pensa guère à conserver en bon état les conduites d’eau qui alimentaient les fontaines. L’aqueduc de Belleville s’écroulait, le prévôt des marchands le fit réparer sur une longueur de 96 toises (187 mètres). Pour célébrer cet acte de bonne administration municipale, on fît graver sur marbre une inscription que l’on peut lire encore au regard « de la Lenterne ». Elle est composée de vingt vers qui riment assez bien entre eux, donnent la date précise (1457), les dimensions de l’œuvre, le nom du prévôt, Mathieu de Nanterre, celui des échevins, Pierre Gallie, Michel Granche, Philippe Lalemant, Jacques de Hacqueville, et se termine ainsi :

Car, se brefvement on ne l’eust fait,
La fontaine tarie estoit[1].

  1. Voir Pièces justificatives, 5.