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de voyages ; il faut au moins que leurs professeurs aient sous la main de quoi satisfaire cette curiosité intelligente et saine. Le fonds donné par Neufchâteau est encore la vraie richesse bibliographique de la maison ; les dictionnaires de Bayle, de Moréri, de Trévoux, la vieille Encyclopédie, n’ont plus grand-chose à enseigner aujourd’hui ; il faudrait rajeunir cette bouquinerie surannée. Le dépôt des livres au ministère de l’instruction publique ne pourrait-il pas faire quelque largesse au boulevard des Invalides ? Ne pourrait-on pas, ce qui vaudrait mieux, consacrer une somme spéciale à l’achat des ouvrages qui sont de nature à intéresser, à éclairer ces malheureux ? 1 000 francs par an suffiraient ; c’est une bien faible somme ; le ministère de l’intérieur, dont l’Institution relève hiérarchiquement, ne la refusera certainement pas.

L’aveugle qui sort de cette excellente école n’est point abandonné ; on ne le jette pas sans défense aux hasards pénibles de la vie. Une société de placement, qui a ses racines dans l’institution même, veille sur lui et le protège : elle le guide. Elle n’intervient que bien rarement pour lui donner des secours ; elle fait mieux, elle s’emploie activement à lui trouver une situation qui l’aide à créer son indépendance par le travail ; dans ce but, elle s’occupe surtout de nouer des relations avec les facteurs d’instruments de musique, avec les fabriques des églises, avec les patrons qui peuvent utiliser la science acquise par l’enseignement professionnel. Son but est élevé ; il est philanthropique au vrai sens du mot, car c’est aimer l’homme que de le suivre avec intérêt, de le pousser dans des fonctions convenablement rémunérées, et de ne pas se tenir quitte envers lui avec une aumône toujours aussi facile à offrir qu’humiliante à accepter. La liste des donataires est très-instructive à parcourir ; elle prouve quelle reconnaissance les anciens élèves ont