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des conseils et enseigne le parti qu’on peut tirer d’un outil musical. Tout un corps de bâtiment, coupé de trois étages, est réservé à ces études spéciales : au premier l’orgue, au second les instruments d’orchestre, au troisième le piano. De longs couloirs, divisés en chambrettes, isolées les unes des autres par des murailles en briques creuses, forment cette classe bruyante ; l’enfant est clos dans sa logette et étudie seul. Pour les morceaux d’ensemble, chacun apprend sa partie, puis tous les exécutants se réunissent dans une vaste salle consacrée aux exercices publics et répètent sous la direction d’un chef d’orchestre. Celui-ci ne bat pas la mesure, il la frappe à l’aide de deux spatules concaves, dont la partie supérieure produit par le choc contre la main un bruit sec parfaitement perceptible.

La musique qu’on leur enseigne est sérieuse et savante : Gluck, Beethoven, Weber, sont les auteurs de prédilection. Il faut du temps pour qu’ils puissent jouer irréprochablement une symphonie complète : — trois mois ; mais ils ne consacrent qu’une heure cinq fois par semaine à la musique d’ensemble : c’est donc une moyenne de soixante-dix heures. Ils m’ont paru avoir beaucoup d’entrain pour l’étude instrumentale ; je me suis promené dans le couloir sur lequel s’ouvre la porte vitrée des loges, et j’ai vu que tout le monde était à l’œuvre, sauf un pauvre enfant très-troublé qui, malgré le bruit ambiant, était en proie à une sorte d’angoisse maladive, parce que d’un coin de sa chambrette il « voyait » sortir un fantôme vêtu de blanc.

En dehors de cette école générale, il existe deux classes particulières dont on ne rencontre l’analogue nulle part ailleurs : l’une est destinée à créer des organistes, l’autre forme des accordeurs de pianos. Ceci est excellent et très-pratique. J’ai écouté des élèves manœuvrer de grandes orgues d’église pendant qu’un de leurs