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tures ; après l’audition de la musique, c’est là leur plus vif et plus pénétrant plaisir. Lorsqu’on leur lit quelque ouvrage de morale, d’histoire ou d’imagination, ils sont très-attentifs et visiblement satisfaits ; mais lorsque c’est un récit de voyage, ils ne se tiennent pas de joie, ils sont tout oreille comme on dit. Semblables aux petits enfants auxquels on fait un conte, ils diraient volontiers : encore ! lorsque déjà l’aventure est finie. Ils ont donné une preuve touchante de ce goût dans une circonstance qu’il est bon de rappeler. Ils s’étaient beaucoup préoccupés de Gustave Lambert et de son projet de tenter une nouvelle route vers le pôle nord pour découvrir la mer libre. Afin de leur donner une idée approximative des difficultés et des périls de toute sorte qui attendaient le futur navigateur, on leur lut le Voyage du capitaine Hatteras ; leur enthousiasme fut exalté au plus haut point, et ces enfants, pauvres pour la plupart, fort dénués, réunirent une somme relativement considérable pour cette souscription, qui ne fut jamais couverte, quoiqu’il ne s’agît que d’une misérable somme de 600 000 francs. Lorsque plus tard ils apprirent la mort de Gustave Lambert qui se fit tuer à Montretout sans bénéfice pour la cause qu’il défendait et au grand préjudice de l’entreprise qu’il avait projetée, ils furent tristes ; ils en parlèrent avec regret ; pas un ne dit : Et notre argent ? — Tous dirent : Et son voyage ?

En dehors de leur infirmité qui les diminue et pèsera sur leur existence entière, ces enfants sont intéressants ; ils sont assez dociles, curieux de s’instruire, fort doux en général, d’une extrême bonne foi dans leurs relations. Les disputes, les batailles, si fréquentes chez les collégiens, incessantes chez les sourds-muets, sont très-rares entre eux. Les plus calmes sont les amaurotiques ; on dirait, à les étudier, que la paralysie dont le nerf optique est frappé exerce une action un peu stupéfiante