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Les représentants de la caisse auxiliaire des Lombards Lussan et Serilly, demandant à leur profit un privilège qui les rendit maîtres du prêt sur gages à Paris, disent, en parlant des maisons rivales auxquelles ils cherchent à se substituer : « On a vu l’intérêt monter dans plusieurs endroits jusqu’à 6 francs par louis, c’est-à-dire un quart par mois, soit 300 pour 100 par année. » Il était grand temps d’en finir avec de tels excès. On avait essayé, mais sans y réussir. Dans plus d’une circonstance et à diverses époques, on avait soutenu le Mont-de-Piété, on en avait modifié l’organisation ; il avait semblé reprendre ; mais l’insuffisance des capitaux mis à sa disposition paralysait les efforts et laissait toute facilité d’exploitation aux prêteurs sur gages ; en l’an VIII cependant les engagements dépassent 220 000 articles. Le Bureau des améliorations adresse, le 8 thermidor de la même année, au conseil général du département, un rapport sur la nécessité de fermer les maisons de prêts, que l’on soupçonne véhémentement le ministre Pitt de favoriser, afin « d’obtenir de la misère ce qu’il n’a pu obtenir de la famine et des armées de la coalition ». Cette sornette est imprimée et signée Debauve, homme de loi. Peut-être était-ce un sage qui n’employait ce misérable subterfuge que pour arriver aux fins morales qu’il poursuivait. On proposa de reconstituer le Mont-de-Piété sous forme de tontine, mais le projet échoua, et il fallut attendre l’Empire pour entrer enfin dans une voie sérieuse et pratique.

Le 26 pluviôse an XII, le premier consul promulgua une loi votée le 16 du même mois, sur le rapport de Regnaud (de Saint-Jean-d’Angély), par laquelle toutes les maisons de prêts sur gages devaient être fermées ; la loi atteignait le prêteur et l’emprunteur, car, si elle frappait l’un d’une amende importante, elle confisquait les objets déposés en nantissement. Le 24 messidor de