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avaient perdu la vue en Égypte, Louis XVI fonda un hospice en faveur des jeunes aveugles que l’on apprenait à s’occuper utilement. Ce second établissement ayant été détruit par le consul Bonaparte, ce sera sous le règne de Louis XVIII qu’il sera rétabli. »

Revenu en France après la seconde restauration, Valentin Haüy s’adressa au duc de Richelieu et lui demanda pour toute faveur d’être nommé instituteur honoraire des jeunes aveugles. Ce très-modeste rêve ne paraît pas avoir été réalisé. Ruiné par les excès de bienfaisance qu’il avait faits toute sa vie, il vivait fort retiré chez son frère au Jardin des Plantes. On ne fit guère attention à lui ; sa modestie devint de l’humilité, et, dans une lettre datée du 18 février 1818, il écrivait ; « Je sais qu’on dit de moi : c’est un vieil imbécile qui n’est plus bon à rien. » Il végéta pendant quelques années et mourut le 18 mars 1822, précédant son frère, qui le rejoignit le 3 juin suivant.

Louis XVIII, de retour en France, n’avait point oublié la scène de Mittau, et, par ordonnance royale du 7 février 1815, il arracha les jeunes aveugles à l’hospice des Quinze-Vingts, leur créa une existence indépendante, et fit mettre à leur disposition, dans la rue Saint-Victor, l’ancien collège des Bons-Enfants, qu’on nommait aussi le séminaire Saint-Firmin. Là du moins ils étaient soustraits au contact périlleux des mendiants, ils étaient chez eux, et pouvaient reprendre les études qui, pendant une quinzaine d’années, avaient été singulièrement négligées. Toutefois il s’en fallait de beaucoup que leur nouvelle maison fût convenablement disposée pour eux. On les avait installés, vaille que vaille, dans de vieux bâtiments humides, mal aérés, utilisés après coup, étroits, et particulièrement malsains pour des enfants naturellement faibles et presque toujours maladifs. Des rapports officiels, rédigés par des savants autorisés, constatent l’in-