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en ferronnerie Louis XVI, admirable vue sur tout Paris, que l’institution domine : la maison est bien distribuée, quoique l’on reconnaisse facilement qu’elle a été installée dans des bâtiments que l’on a dû approprier après coup. La vie y est réglée comme dans une caserne ; on se lève à cinq heures et demie, on se couche à neuf ; la journée est distribuée d’une façon uniforme entre la prière, l’étude, les repas, les récréations et l’apprentissage ; comme dans une caserne aussi, tous les signaux indiquant une évolution générale sont donnés à l’aide du tambour.

Cela peut paraître étrange, rien cependant n’est plus rationnel ; le sourd-muet n’entend pas le son ; mais il perçoit les vibrations que le jeu des baguettes frappant sur la peau d’âne imprime aux couches de l’air environnant ; cette perception le frappe à l’épigastre, mais le plus souvent à la paume des mains et à la plante des pieds. C’est une loi physiologique que les centres nerveux renvoient la sensation aux extrémités ; si nous nous heurtons le coude, nous éprouvons immédiatement « un fourmillement » au bout du petit doigt. La trépidation physique qu’ils ressentent est assez forte pour les réveiller lorsqu’ils dorment ; dans les classes, quand les élèves sont distraits et ne regardent pas le professeur, on agite vivement une table ; l’ébranlement atmosphérique suffit pour rappeler leur attention.

Le séjour dans l’institution est réglementairement limité à sept ans ; mais jamais on ne refuse, surtout pour un écolier studieux, une prolongation d’une année. L’âge le plus favorable pour commencer cette pénible éducation est dix ans ; plus jeune, l’enfant comprend fort peu et n’est guère qu’un élément de trouble pour ses camarades ; plus âgé, il a déjà de mauvais principes ; ou, pour mieux dire, de mauvaises habitudes de chirologie, qu’il substitue involontairement à la mimique