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l’Allemagne du Sud comme dans l’Allemagne du Nord, chez les catholiques et chez les protestants, il trouve la science à l’œuvre, poursuivant les recherches dont le champ est illimité, ne descendant pas des hauteurs abstraites où elle doit toujours planer, honorée par les gouvernements qu’elle honore, encouragée par eux et mise en état de ne pas rester une stérile spéculation de l’esprit. À Heidelberg, à Munich, à Berlin, à Leipsig, à Bonn, à Gœttingue, à Vienne, il voit des laboratoires de chimie, de physique, de physiologie construits exprès, et outillés sur les indications des professeurs eux-mêmes.

Ce rapport a précédé la déclaration de guerre ; j’y lis cette phrase dont les événements allaient si douloureusement constater la vérité : « Il s’agit d’un intérêt de premier ordre, car la vie intellectuelle d’un peuple alimente les sources de sa puissance matérielle, et son rang est marqué aussi bien par l’ascendant qu’il sait prendre dans les choses de l’esprit que par le nombre et la valeur de ses défenseurs. » Dès le printemps de 1867, les chambres saxonnes, après les désastres qui avaient anéanti l’autonomie de leur pays, votent sans hésiter les sommes nécessaires à la reconstruction du laboratoire de Leipzig, qui s’élève aujourd’hui sur une superficie de 5 000 mètres carrés ; l’Autriche cherche à se relever de Sadowa, et consacre 5 millions de florins (12 millions 1/2 de francs) à la construction de ses instituts scientifiques. De tels faits ne sont-ils pas propres à exciter notre émulation ?

Nous n’avons rien de semblable même à ce que je vois dans une pauvre petite ville de Poméranie, située tristement sur les bords de la Baltique ; Greifswald, qui n’a guère plus de 10 000 habitants, possède un institut anatomique et physiologique, un laboratoire de chimie, un hôpital académique ; ce n’était pas assez : on vient d’y organiser un institut pathologique. Après avoir énuméré toutes ces