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de l’Université en détruisant les académies de province pour constituer un rectorat départemental dont les 89 titulaires n’avaient qu’une importance administrative presque infime. Par la loi de 1854, il rétablit 16 académies provinciales et en plaça les recteurs dans une situation élevée qui leur permit de marcher de pair avec les autres agents supérieurs de l’autorité ; les préfets, les procureurs généraux, les évêques se plaignirent ; le ministre ne se laissa pas émouvoir et maintint la haute position qu’il avait faite aux fonctionnaires qui avaient l’honneur de représenter l’Université. On a accusé M. Fortoul d’avoir porté préjudice à ces lettres classiques qui jusqu’à présent sont le fond même de l’éducation française ; je voudrais que ceux qui témoignent ainsi contre lui pussent lire l’Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées du 15 novembre 1854. C’est un chef-d’œuvre, à la rédaction duquel les plus hauts personnages de l’enseignement ont concouru ; si cette instruction avait été suivie, la littérature et les sciences auraient jeté un éclat dont nous voudrions les voir briller[1].

Avec d’autres formules et par d’autres moyens, M. Jules Simon, ministre de l’instruction publique, a repris les idées de M. Fortoul ; j’ai bien peur que la circulaire du

  1. M. Fortoul, très-curieux de nos propres origines, avait proposé de former un Recueil des poésies populaires de la France : il obtint du Président de la République un décret conforme en date du 15 septembre 1852, et le 17 septembre de la même année, il adressa, sur cet objet, aux recteurs une circulaire qui contenait des instructions excellentes rédigées par M. Ampère. Les chansons que l’on doit recueillir sont divisées en treize catégories différentes. L’auteur du mémoire cite des exemples choisis avec un rare discernement. Qu’en a-t-il été de ce projet et pourquoi n’a-t-il pas été mis à exécution ? Nous croyons pouvoir affirmer qu’un nombre considérable de chants a été réuni. Toutes ces vieilles poésies sont sans doute enfouies aujourd’hui dans quelques cartons du ministère : pourquoi ne pas les en faire sortir et les mettre au jour ? Cela ne vaudrait-il pas mieux que le Pied qui r’mue, les Bottes de Bastien, Bu qui s’avance, et tant d’autres inepties sans excuses dont on s’est sottement engoué ?