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de chandelles ; en 1801, on le réunit à l’administration des hôpitaux et hospices civils ; en 1849, l’Assistance publique, le recevant dans ses attributions, y organise une manutention et une minoterie mues par la vapeur. Quoique les nécessités du service aient fait élever des constructions modernes dont le moellon et le plâtre sont les principaux éléments, ce qui reste de l’ancien édifice est un curieux spécimen de l’architecture de la Renaissance, pris à ce moment où la brique va remplacer la pierre de taille et où l’ornementation, s’alourdissant de jour en jour, fait déjà prévoir la pesanteur qui l’attend sous Louis XIII. Dans la cour, une aile tout en brique d’un rouge foncé est portée sur six arcades surbaissées, dont quatre sont oblitérées par des fenêtres et des portes récentes. Au milieu des pendentifs, quatre médaillons en pierre sculptée représentent des têtes qui offrent un certain caractère, quoiqu’une seule soit intacte, et dont la vraie place serait au musée de l’hôtel Carnavalet plutôt que dans cette usine où elles sont perdues pour le public et où des dégradations nouvelles peuvent constamment les atteindre.

Une machine à vapeur forte de quatre-vingt quinze chevaux met en mouvement un moulin à l’anglaise muni d’appareils perfectionnés et installé dans les cinq étages d’un bâtiment élevé exprès. Là, dans de vastes greniers aérés de toutes parts, sont entassés les sacs de blé destiné à être trituré par les meules en belles pierres de la Ferté-sous-Jouarre. Plus loin, dans de larges cases en bois poli par l’usage, on enferme les farines, qu’on surveille attentivement pour éviter la fermentation, surtout en avril, à l’époque où le blé sort de terre, et en juin lorsqu’il fleurit, car alors la vie particulière à l’espèce semble se réveiller et atteindre le grain pulvérisé à l’instant même où elle se développe dans la plante elle-même. Pour faire une expérience concluante