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et très-humaines, n’obtiennent pas un meilleur résultat. Les dépôts diminuent forcément le nombre des mendiants qui exploitent Paris, mais n’affaiblissent en rien les habitudes vicieuses qui semblent être le fond même de leur caractère naturel.

En présence de ce fait persistant, en considérant que beaucoup de ces hommes sont jeunes et pourraient travailler, en s’assurant par les relevés statistiques qu’il faut aux 2 588 mendiants arrêtés à Paris en 1869 ajouter 14 095 vagabonds, ne peut-on pas se demander s’il ne serait pas temps de prendre un parti sérieux, et si nous ne devrions pas, tout en profitant de la dure expérience faite par la Hollande, suivre l’exemple qu’elle nous a donné par l’établissement de ses colonies pénitentiaires intérieures d’Ommerschans et de Frederiksoord ? La France possède aujourd’hui 5 147 862 hectares de terres en friche ou jachères mortes[1] ; avec les chemins de fer et les canaux, l’engrais arrive partout ; avec la sonde des puits artésiens, l’eau peut jaillir sur les terrains les plus stériles ; les vagabonds et les mendiants valides bien dirigés, maintenus dans les étroites prescriptions d’une discipline à la fois préventive et paternelle, peuvent devenir des agriculteurs suffisants. En échange de la main-d’œuvre que l’on exigerait d’eux, ils auraient le pain de chaque jour, une rémunération proportionnelle, au besoin une part du champ cultivé. La civilisation y gagnerait de toute manière, car nous augmenterions les ressources agricoles de la France et nous débarrasserions nos villes d’une race parasite où le crime va souvent chercher ses auxiliaires les plus redoutables.

  1. Les départements qui possèdent le plus de terrains en jachères sont la Marne, 165 487 hectares ; l’Allier, 154 043 ; la Vendée, 144 322 ; les Deux-Sèvres, 128 680; le Puy-de-Dôme, 131 488; l'Yonne, 116 559 ; la Vienne, 116 442.