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ties ; au 31 décembre, la population totale de la maison était de 496 hommes et 315 femmes ; dans le courant de l’année, il était mort 79 femmes et 124 hommes. Là il n’y a point d’enfants gardés près de leur mère, il n’y a point de jeunes gens, comme à Saint-Denis ; ce sont bien réellement des vieillards, des infirmes dont beaucoup sont incurables ; quelques-uns sont employés dans la ville comme jardiniers, comme domestiques, et peuvent prélever sur les gages qu’ils reçoivent de quoi améliorer leur nourriture, acheter du tabac et boire de temps en temps un verre de vin.

Ces deux établissements, Saint-Denis et Villers-Cotterets, se complètent bien l’un l’autre ; mais si l’on réfléchit que depuis l’époque de leur création notre population a triplé ; qu’elle était de 600 480 âmes en 1808, et qu’elle est de 1 825 374 en 1869 ; que les locaux sont restés les mêmes et qu’il en résulte un encombrement excessif, immoral et dangereux, on admettra facilement qu’il faut les modifier, les agrandir et les mettre en rapport avec les besoins, qui deviennent de plus en plus impérieux. Tels qu’ils sont cependant, ils rendent encore de grands services : dans l’un, on aide à réprimer un délit et à empêcher celui qui l’a volontairement commis d’y tomber de nouveau ; dans l’autre, on vient au secours de l’infortune réelle, de la misère, de la faiblesse, de la décrépitude. Mais, il faut bien le dire, ce n’est point avec de telles mesures qu’on éteindra la mendicité. Si une société qui se respecte doit du pain aux infirmes, elle ne doit que la possibilité du travail à la paresse et à la fainéantise. Or ce sont là deux vices inhérents à la nature humaine ; les lois terribles des siècles passés, le bannissement, la marque au fer rouge, l’essorillement, la déportation, les galères ont vainement tenté de diminuer le nombre des mendiants : nos prescriptions plus douces, très-prévoyantes