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salles ont été coupées par des refends ; des soupentes ont diminué la hauteur des pièces ; la chapelle, une merveille de la Renaissance, est devenue un dortoir ; mais là du moins chacun trouve une place suffisante ; il y a de larges préaux, et, contre les murs, des bancs où les pauvres vieux peuvent s’asseoir pour se réchauffer au soleil. Le puits immense, sorte de vaste piscine où descendent des seaux contenant quatre-vingts litres, est une curiosité du pays. Mais pourquoi faut-il que ce soient les reclus, tous vieillards, la plupart infirmes, qui soient forcés de tourner la lourde manivelle qui fait monter l’eau nécessaire à leurs besoins ? Une telle manœuvre n’exige pas moins que l’effort de dix hommes. Ne serait-il pas humain et digne d’une administration qui mieux que toute autre sait pratiquer la vraie charité, de donner à ces pauvres gens une de ces petites machines à vapeur, un Jack-fellow, un Donkey-engine, que les Anglais et les Américains utilisent si bien sur les quais de leurs ports de mer pour décharger les navires ? Avec une pelletée de charbon et quelques tours de roue, le moteur obtiendrait à lui seul plus de besogne que tous ces cacochymes qui peinent, qui s’épuisent pour faire un labeur auquel leur faiblesse les rend impuissants.

À Villers-Cotterets, il m’a semblé qu’on travaillait quand on voulait. La grande occupation est d’effiloquer du linge et de le réduire en charpie ; celle-ci est payée dix centimes le kilogramme ; il faut environ quinze jours pour en amasser un kilo. On cause, on lit, on fume dans les cours ; une fois par semaine, le mardi pour les hommes, le mercredi pour les femmes, on va se promener dans la forêt et fort souvent l’on rentre

    Palatine qui allait épouser Monsieur et devenir la mère du futur régent. À la date du 10 avril 1718, Madame fait allusion à cette entrevue dans une de ses lettres.