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moins les constructions sont solides, l’air n’est point ménagé et l’emplacement est bien choisi sur les lisières de la forêt. Si Saint-Denis se recrute dans les bas-fonds du vagabondage et de la mendicité, Villers-Cotterets reçoit beaucoup d’infirmes et de vieillards qui n’ont point trop d’antécédents judiciaires. Dans les deux établissements, du reste, la préfecture de police fait placer, à titre d’hospitalité, des malheureux qui sans elle n’auraient point d’asile et vagueraient dans les rues comme des chiens errants. Elle n’est point difficile dans ses choix. L’administration de l’Assistance publique, par un scrupule légitime, refuse d’admettre dans les hospices des hommes qui ont traîné sur le banc des cours d’assises et dans les cabanons des maisons centrales ; mais parce qu’ils ont été criminels jadis, parce qu’ils le seraient peut-être encore, faut-il les traquer et les abattre comme des animaux féroces ? Cette idée est insupportable. La préfecture de police, à la fois compatissante et prévoyante, voulant éviter que les gens ne meurent de faim ou ne soient entraînés par la misère à de nouveaux méfaits, les envoie dans ses dépôts, où du moins ils trouvent le pain quotidien, une petite rémunération de leur travail, le couvert, le coucher, l’infirmerie et la sépulture.

Villers-Cotterets, par sa tenue intérieure, par la liberté relative dont les reclus y jouissent, ressemble bien plus à une maison hospitalière qu’à une maison de répression. Le vieux château, bâti par François Ier garde grand air, malgré l’étrange population qui l’habite, avec ses deux tours, ses hautes cheminées de briques, son escalier monumental, ses délicates sculptures où la salamandre emblématique marche au travers des flammes[1]. On a modifié l’ancienne distribution : les

  1. Le château de Villers-Cotterets passa du domaine royal dans l’apanage des d’Orléans. C’est là que Louis XIV vint recevoir la princesse