Page:Du Camp - Paris, tome 4.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tentions à être un peuple civilisé pour conserver de pareilles masures, que le seul soin d’une dignité qui se respecte devrait faire raser immédiatement. Comment la préfecture de police n’a-t-elle pas pris les mesures nécessaires pour faire construire une maison de répression en rapport avec ses besoins ? Parce qu’elle a les bras liés, en quelque sorte, comme j’ai déjà été forcé de le dire à propos de la prison de Saint-Lazare[1]; parce qu’elle n’est que pouvoir exécutif, parce qu’elle n’a pas de budget, parce que c’est la préfecture de la Seine qui doit lui fournir les bâtiments, les locaux, les ameublements qui lui sont indispensables ; parce que, tout en utilisant de son mieux les établissements qui lui sont confiés, elle est contrainte de les accepter tels qu’on les lui donne.

Pour prouver dans quelles lenteurs les autorités délibérantes peuvent parfois se laisser endormir, il n’est point superflu de raconter sommairement l’histoire des modifications que la maison de répression de Saint-Denis a dû subir et n’a point subies. Dès 1834, le conseil général de la Seine exprime la pensée d’abandonner le dépôt, qui est insuffisant, et d’en construire un autre approprié aux exigences sans cesse renaissantes auxquelles il faut pourvoir. On mit quelque temps à se décider, et, en 1840, on proposa l’acquisition de l’ancien couvent des Ursulines, situé à Saint-Denis même, et qui facilement eût pu être converti en une maison de mendicité. En 1845, au mois de décembre, le conseil général, tenant à se rendre compte par lui-même de l’état des choses, se rend à Saint-Denis et trouve avec étonnement plusieurs détenus couchés dans le même lit ; le

    n’en restait que soixante, détenus préventivement, lorsque, le 22 janvier 1871 un obus pénétrant dans leur dortoir blessa trois hommes, dont un mourut le lendemain ; à la suite de cet incident, les prisonniers furent relaxés.

  1. Voir tome III, chap. xv, les Prisons.