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n’eût pas été autrement. Il eût été, comme la répression de Saint-Denis, installé dans des masures : les escaliers eussent été si roides qu’il eût fallu s’aider de deux rampes pour pouvoir les gravir ; les chauffoirs étroits, étouffés, obscurs, eussent été propices à toutes sortes d’infamies ; les cours pleines de poussière et de fange, selon la saison, n’eussent même pas été pavées ; l’air vital, épaissi par des miasmes putrides, eût à peine circulé dans les chambres, où l’on est contraint d’entasser trois fois plus de monde qu’elles n’en peuvent contenir ; certains ateliers eussent été établis, faute de place possible, dans des caves où l’on gèle, mais où l’on n’y voit pas ; c’eût été, en un mot, le séjour des épidémies et du vice réunis pêle-mêle. Il me faut évoquer mes souvenirs de voyageur pour découvrir un analogue à cette misérable hospitalète, et je ne le trouve que dans la léproserie de Damas.

Cette maison de répression où tout tombe en ruines, qui est étayée à l’intérieur et à l’extérieur, est une ancienne fabrique de cuirs. Dans les premières années du règne de Louis XVI, on l’appelait la Française, et on y installa un hôpital pour les gardes françaises malades par suite de débauche ; puis, par un décret de vendémiaire an II, on en fit une maison de répression pour les mendiants valides. L’objet auquel on l’avait consacré n’a point changé ; tant bien que mal, on a soutenu la vieille construction que le temps lézarde ; elle va tomber un de ces jours. Ce n’est plus une maison, c’est une ruine.

Lorsque je l’ai visitée, il faisait froid ; une pluie de mars drue et serrée tombait, qui délayait la boue des préaux et les rendait inhabitables. On était dans les chauffoirs, où se pressait toute cette sordide population groupée autour de poêles en fonte qui répandaient une odeur infecte. Parmi les malingreux vêtus de la souque-