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22 juin 1837, contre Vincente Brigi, âgé de quinze ans, et Luigi Gozzolo, âgé de douze ans, tous deux natifs de Parme, dit avec plus de raison que de grammaire « que les animaux et les instruments qui sont confiés à ces enfants ne composent point l’exercice d’une profession et ne sont qu’un moyen de dissimuler la mendicité qu’ils exercent. » Autrefois c’étaient les pays de Savoie, de Chiavari, de Parme, qui, pauvres et dénués, poussaient vers la France ces petits émigrants. Cela s’était fait de tout temps : l’histoire de Fanchon la Vielleuse n’est pas d’hier, et dans un manuscrit de la fin du xve siècle on trouve les vers suivants[1] :

Puis verrez des Pigmontois
À peine saillis de l’escaille,
Criant : Ramonade haut et bas
Vos cheminées sans escalle.

Ils venaient chez nous, ils faisaient le pénible métier de ramoneurs, jouaient de la vielle, montraient « la marmote en vie », dansaient une informe bourrée et chantaient Dica Zanette ou la Catarina. Aujourd’hui le lieu de recrutement est en grande partie déplacé.

L’expédition menée en 1860 par Garibaldi a eu pour résultat de faire entrer le royaume des Deux-Siciles dans les habitudes des peuples civilisés. Autrefois, du temps des Bourbons, comme il était admis que tout individu qui demandait un passe-port pour l’étranger ne pouvait être qu’un jacobin, on ne délivrait jamais de permis de voyage. Il n’en est plus ainsi, et chacun peut circuler à sa guise. Les habitants des provinces méridionales ont bien vite profité de ce droit nouveau pour se débarrasser de leurs enfants et pour les répandre sur le monde entier. C’est la Basilicate qui fournit aujour-

  1. Cité par A. Bonnardot dans son Étude sur Gilles Corrozet (Paris, 1848.)