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membres de la commission ont cru devoir déclarer que les bâtiments du nouvel Hôtel-Dieu, étant construits contre toutes les données les plus élémentaires de l’hygiène, ne pouvaient pas, même après des changements considérables, être affectés à un établissement hospitalier, et ils persistent d’autant plus dans leur opinion, qu’il s’agit d’un édifice d’utilité publique que notre époque léguera aux siècles futurs.

« Les autres membres de la commission, tout en reconnaissant ce que ces constructions présentent de défectueux, ont pensé qu’on pourrait cependant les utiliser, à la condition expresse de ne pas élever le nombre des malades au delà de 400 à 450. Ils demandent en outre de chercher à diminuer les mauvaises dispositions actuelles de l’hôpital. Pour cela, ils proposent de raser un étage et de démolir jusqu’à la hauteur du premier les galeries pleines qui relient entre eux les divers pavillons et font du nouvel hôpital un bâtiment unique dans lequel la circulation de l’air est impossible.

« Que coûteront ces changements ? Lorsque cet édifice sera mutilé, déshonoré au point de vue architectural, quel sera le résultat de ce surcroît de dépenses ? Peut-être quelques défauts de moins. Et alors à combien montera le prix d’une journée de malade ? On nous a parlé de 12 francs ; or pour la même somme on peut avoir maintenant à la Maison municipale de Santé une chambre et un salon, ce qui a sur la salle d’hôpital l’immense avantage de l’isolement.

« Aujourd’hui, l’insalubrité des grands hôpitaux ne fait plus question pour personne, ils ont fait leur temps ; de plus, la population ouvrière ayant dû quitter le centre de la ville pour se porter à sa périphérie, c’est là qu’il faut disséminer les petits hôpitaux. Ces petits hôpitaux auraient de plus l’avantage de ne pas éloigner les malades de leurs familles ; de cette manière, les intérêts moraux, comme les intérêts hygiéniques, seraient également sauvegardés.

« Mais alors que faire de ces constructions si dispendieuses ? Un édifice quelconque, mais jamais un hôpital.

« En vous priant, monsieur, d’insérer cette lettre dans votre plus prochain numéro, je crois être l’interprète fidèle des opinions émises par mes trois collègues MM. Giraldès, Laillier, Vidal et moi devant la commission.

« Agréez, je vous prie, monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée.

« Marjolin,
Chirurgien de l’hôpital Sainte-Eugénie. »