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lieu public et à courir les chances d’occasionner un rassemblement qui pourrait ne pas montrer une sympathie excessive pour des sergents de ville faisant leur devoir. Les moins à plaindre sont ceux qui, munis d’une autorisation préalable en règle, exercent, sous prétexte de certains métiers qui n’en sont pas, une mendicité déguisée. Cette catégorie, que l’on restreint autant que possible, est encore assez nombreuse ; elle se compose de ce que l’administration appelle plaisamment les quatre mendiants : ce sont les bateleurs, les joueurs d’orgue, les chanteurs et les musiciens ambulants.

iii. — les quatre mendiants.

Jadis la voie publique appartenait au bateleur. — Ordonnance de police du 28 février 1863. — Six cents autorisations réduites en réalité à quatre cents. — Bateleurs. — Pradier le bâtonniste. — Son arrogance. — Physionomies diverses. — Les joueurs d’orgue. — Le Marquis. — Achat et location des orgues. — À l’octroi. — L’homme-orchestre. — C’est un métier. — Les petits Italiens. — Les Pigmontois. — La Basilicate. — La traite des blancs. — Contrats de location. — Il Cieco. — Menaces d’expulsion. — Adresse au peuple français. — Les patrons. — Condamnations. — Mortalité. — Les garnis. — Promiscuité. — La recette. — Chiffre des arrestations. — Expulsion ; retour immédiat. — Impuissance des autorités. — Projet de loi présenté au sénat italien. — Cercle vicieux.


Autrefois les bateleurs s’établissaient partout, sur les places, sur les boulevards, dans les rues, et je me souviens d’avoir vu, dans ma petite enfance, des hommes qui conduisaient des dromadaires montés par des singes parcourir la place Vendôme et la rue Saint-Honoré. Il en était de même pour les autres industriels que je viens de nommer ; la voie publique leur appartenait, et bien souvent les voitures, les piétons étaient arrêtés dans leur marche par un groupe de badauds réunis autour d’un saltimbanque ou d’un chanteur. Plus d’une fois on essaya de remédier à cet inconvénient ; des ordonnances