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en était besoin. On offrit des sirops et des massepains qui furent acceptés avec un empressement de bonne compagnie. Lorsque je me retirai, une femme s’approcha de moi et me dit : « Marquis, votre fête était charmante ; je suis attendue aux Tuileries, veuillez dire qu’on fasse avancer ma voiture, mes gens sont dans l’antichambre. » Celle qui me parlait ainsi avait été fruitière dans la rue Harvey.

Les asiles dont je viens de parler sont amples et vastes, mais ils sont loin de suffire aux besoins de la population parisienne, ainsi qu’il est facile de s’en convaincre par les chiffres suivants : au 31 décembre 1871, les aliénés de Sainte-Anne, Vaucluse, Ville-Evrard, Bicêtre et de la Salpêtrière étaient au nombre de 2 237 ; Charenton en contenait 503, et les onze maisons de santé particulières établies à Paris ou aux environs en renfermaient 523, ce qui donne un total de 3 263 ; mais à cette même époque notre ville avait à répondre de 7 115 fous[1]. Pour satisfaire à des besoins si pressants et si nombreux, l’Assistance publique, qui ne dispose dans ses établissements que des places libres, a fait, en vertu de l’article 1er de la loi du 30 juin 1838, un traité avec trente-quatre asiles de province, qui soignent pour son compte 3 772 malades ; de plus vingt-cinq autres asiles en ont reçu 80 à des conditions débattues ; c’est donc une masse de 3 852 aliénés que Paris est obligé d’évacuer sur les départements, faute d’établissements pour les recevoir et les garder.

En présence de ces faits, il y a lieu de regretter que M. Haussmann n’ait pu mettre son projet à exécution, et il faut espérer que ce projet sera repris plus tard, car

  1. Le nombre des hommes est inférieur à celui des femmes : 2 933 pour les premiers, 4 180 pour les secondes : ce qui infirme l’opinion des médecins qui attribuent à l’usage du tabac une influence prépondérante dans les maladies mentales.