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tiers du voisinage, qui ne s’en font pas faute, de passer de l’eau-de-vie aux infirmiers et parfois même aux malades. Le peu d’élévation des murs rend en outre les évasions très-fréquentes. C’est là un inconvénient auquel il est facile de remédier, et je ne vois pas alors ce qui manquera à Ville-Évrard pour devenir un établissement moins bien situé, mais aussi bien aménagé que Vaucluse.

Sainte-Anne a coûté 9 504 705 francs, Vaucluse 5 151 001, Ville-Évrard 6 135 352, mais dans ce dernier chiffre il faut compter les dépenses de constructions fort importantes qui ont été faites dans un vaste parc séparé de l’asile par la route. C’est une série de pavillons isolés ; ils n’ont pas encore été habités et constituent une maison de traitement pour les aliénés qui serait aux asiles ce que la Maison municipale de Santé est aux hôpitaux. Ce premier projet a été abandonné, mais les bâtiments restent ; ils sont neufs, de bonne apparence, placés au milieu d’un jardin charmant, bien abrités, d’une surveillance facile ; il convient de les utiliser et de transporter là le service des idiots et celui des épileptiques, qui encombrent Bicètre et la Salpêtrière sans utilité pour la science, sans profit pour l’administration. J’ai parlé ailleurs de ces deux maladreries, qu’il faudrait avoir le courage de jeter bas, si on pouvait imposer un tel sacrifice à l’Assistance publique, qui, forcée de procéder avec une irréprochable économie, fait effort pour tirer le meilleur parti possible des anciennes dépendances de l’hôpital général, dont elle a hérité. Les vieilles maisons, comme les vieilles gens, tiennent à leurs mauvaises habitudes, et dans les cellules des aliénés de Bicêtre j’ai trouvé encore l’immonde baquet en bois, qui est un foyer d’infection permanente.

Le quartier des idiots à Bicêtre est une hideuse ren-