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paraît pas avoir gardé un bon souvenir, car il la roue de coups et lui vole une reconnaissance du mont-de-piété.

On l’expulse de France ; il y revient en 1852 ; il est encore saisi en flagrant délit de mendicité ; on obtient contre lui un arrêté d’expulsion ; la minute porte en marge cette note caractéristique : « Il est réfractaire du grand-duché de Bade ; avoir soin de ne pas le diriger sur la frontière de ce pays. » On le conduit à Boulogne pour qu’il puisse gagner l’Angleterre ; certains plaisirs faciles de Paris l’attirent, il revient encore ; c’est un fait de ban rompu pour lequel il est, le 20 mai 1855, condamné à trois mois de prison ; on lui notifie un nouvel arrêté d’expulsion qu’on n’exécute pas, car le malheureux promet de ne plus mendier. Il a tenu parole : il ne tend pas la main, mais il accepte tout ce qu’on met dedans. En somme, est-ce un impotent qui ne peut travailler et qui, rigoureusement, est excusable de s’adresser à la commisération publique ? Nullement. Il est tailleur de son état, et assez habile même ; il a deux bons bras, deux bonnes mains, mais il trouve plus lucratif d’aller geindre dans les rues et de duper les âmes charitables.

C’est le cas de répéter la vieille citation : Ab uno disce omnes. On peut affirmer d’une manière générale qu’il n’y a pas un mendiant qui soit digne d’intérêt. Du reste, ils ne savent pas pourquoi on les poursuit, et il est très-difficile, sinon impossible, de leur faire comprendre qu’ils commettent un délit prévu et réprimé par la loi. Tout le monde a remarqué qu’aux heures des repas militaires, les casernes sont entourées par des gens déguenillés auxquels les troupiers compatissants donnent le trop-plein de leur gamelle, mais on ne croirait pas que cela est considéré comme une sorte de profession. Un mendiant arrêté en flagrant délit et interrogé