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se composent de douze pavillons identiques, six pour le service des femmes, six pour le service des hommes. Ces deux divisions, absolument séparées, sont complétées à leur extrémité par une demi-rotonde dont chacune soutient neuf cellules d’isolement. Les quartiers sont semblables, construits sur le même modèle, divisés de la même façon, bâtis de la même pierre blanche, couverts de la même tuile rouge.

Deux étages seulement : système français très-préconisé par Esquirol, qui considère comme dangereuse et malsaine la superposition des salles et des dortoirs. Au premier étage, trois dortoirs de seize lits ; au rez-de-chaussée, un dortoir, un réfectoire et une salle de réunion s’ouvrant sur une galerie couverte où l’on est facilement à l’abri de la pluie et du soleil ; cette galerie donne elle-même de plain-pied sur un large préau encadré d’un saut-de-loup et de murs qui, sans masquer la vue extérieure, sont assez élevés pour offrir quelque garantie contre les tentatives d’évasion. La maison est d’une propreté irréprochable, car chaque matin on fait ce qu’on appelle le bacchanal, c’est-à-dire un nettoyage à fond.

Nulle fenêtre, nulle porte ne peut être ouverte qu’à l’aide d’un passe-partout, que le surveillant ne quitte jamais ; il est rare, en effet, qu’un fou n’ait pas par moments une envie irrésistible de se tuer, et il faut empêcher les malades de se jeter par la croisée, sous prétexte de voir le temps qu’il fait. La surveillance est du reste incessante ; le jour, les aliénés vivent littéralement sous l’œil de leurs gardiens ; la nuit, ceux-ci ne sont séparés d’eux que par un grillage qui leur permet de constater tout ce qu’ils font ; en outre, les chambres des infirmiers communiquent entre elles par une sonnette d’appel ; en cas d’alerte, on peut demander main-forte.

À chaque dortoir est annexée une salle de toilette munie d’un lavabo en marbre recevant et rejetant l’eau