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l’Hôtel-Dieu, et, pour le traitement qu’il leur réservait, il eût mieux fait de les repousser. Deux salles leur étaient consacrées : l’une pour les hommes, renfermant dix lits à quatre places et deux lits à deux places ; l’autre pour les femmes, contenant six lits à quatre places et huit lits à deux places. La première était contiguë aux salles des blessés, la seconde aux salles des fiévreux. Le traitement thérapeutique était absolument nul ; quant au traitement moral, on en jugera par les lignes suivantes, que nous empruntons à un rapport manuscrit rédigé en 1756 par les médecins de l’Hôtel-Dieu. « Quoique la salle Saint-Louis et celle de Sainte-Martine soient, pendant le cours de l’année, remplies de personnes qui ont l’esprit aliéné, on voit cependant tous les jours les hommes et les femmes destinés au service de ces salles se conduire comme s’ils n’étaient pas accoutumés à ces sortes de maladies : on s’attroupe autour des insensés, on s’occupe de leur folie, on rit de leurs extravagances ; autres fois, on s’amuse à les obstiner, à les contrarier, à les mettre en colère, surtout à la salle des femmes. »

Tenon, en 1786, constate la même absence de soins et d’humanité : « Comment a-t-on pu espérer qu’on traiterait des aliénés dans des lits où l’on couche trois ou quatre furieux qui se pressent, s’agitent, se battent, qu’on garrotte, qu’on contrarie dans les salles infiniment resserrées, à quatre rangs de lits, où, par un malheur inconcevable, on rencontre une cheminée qui n’éteint jamais ! » Enfin en 1791, la Rochefoucauld-Liancourt, revenant sur les mêmes faits, demande la création de deux établissements exclusivement réservés aux aliénés. On ne lui donna pas raison immédiatement ; mais l’arrêté de prairial, qui reconstituait l’hospice de Charenton, défendit de recevoir des fous dans les hôpitaux de Paris. On n’obéit pas sans doute bien ponctuel-