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transmis au délégué du bureau des aliénés, qui le transcrit sur le registre des entrées.

C’est la préfecture de police qui envoie ses agents, toujours vêtus en bourgeois pour cette circonstance, chercher les malades chez eux ; elle les soustrait, autant que possible, à l’indiscrétion publique et paye la voiture qui les amène à l’infirmerie. Il se produit alors un fait constant. Lorsque l’aliéné est dans son domicile, il est condamné presque invariablement à la curiosité railleuse et dépravée de ses voisins ; on s’amuse de lui et parfois on ne craint pas d’exciter son délire ; dès qu’on le voit emmené, emporté parfois, on n’éprouve plus pour lui qu’un sentiment de profonde commisération, on dit : Le pauvre homme, on l’arrête, il n’est pas méchant cependant, et s’il fait du mal aux autres, c’est qu’il a perdu la tête. Et le malade laisse un souvenir douloureux dans le cœur de ceux pour qui, la veille encore, il n’était qu’un objet de risée.

L’infirmerie est toujours pleine. Du 1er  janvier 1872 au 1er  janvier 1873, 2 248 présumés y ont passé ; deux y sont morts ; 225, reconnus indemnes ou n’étant pas dans le cas d’être séquestrés, ont été immédiatement rendus à la vie commune ; 42, qui offraient des accidents pathologiques particuliers, ont été dirigés sur les hôpitaux ordinaires ; 1 970 ont été envoyés dans les asiles, 9 dans les asiles privés ou à Charenton ; à ces chiffres il faut ajouter 449 placements d’urgence faits directement par les commissaires de police, en vertu de l’article 19 de la loi du 30 juin 1838, et 591 placements volontaires effectués dans les maisons de santé, et nous aurons ainsi un total de 3 068 aliénés internés à Paris pendant 1872 : ce qui équivaut, pour une année bissextile, à 8,36 par jour.

Lorsque la visite du médecin est terminée, quand toutes les pièces administratives ont été préparées et