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roulante du Dépôt. Des cellules réservées aux aliénés occupent le rez-de-chaussée, où s’ouvrent aussi le cabinet du médecin délégué et celui de l’employé. C’est triste, propre et froid. Un gardien se promène incessamment devant les cellules, dont le guichet est toujours entrebâillé. Il veille à ce que les aliénés ne se blessent pas dans leurs mouvements furieux, il leur donne à boire, et ne répond guère à leurs divagations. Au premier étage, un dortoir de sept lits est destiné aux infirmes qu’on envoie à Saint-Denis ou à Villers-Cotterets ; un autre dortoir également de sept lits est consacré aux enfants qu’on doit conduire à l’hospice des Enfants assistés. Une pharmacie suffisamment approvisionnée permet de donner les premiers soins aux malades, qui trouvent aussi des bains dans une salle voisine.

L’ouverture de cette infirmerie est un véritable bienfait. Autrefois l’aliéné amené d’abord au Dépôt était conduit au bureau central des hôpitaux, au parvis de Notre-Dame ; là il était examiné et l’on constatait son état mental. Si l’employé, mû par ce sentiment de commisération qui est comme fonctionnel chez la plupart des agents de la préfecture de police, n’avait pas libellé d’avance toutes les paperasses nécessaires, le pauvre diable était réintégré au Dépôt, où l’on préparait les pièces administratives qui doivent le suivre, assurer son identité et le faire admettre dans l’établissement désigné. Toutes ces formalités lentes, pénibles, qui trop souvent aidaient à satisfaire la curiosité brutale du public, ont été supprimées. On sort de l’infirmerie pour aller directement à l’asile.

Les fous ne manquent pas à Paris. Sans compter ceux qui ont cherché dans les asiles l’abri ou la guérison, il y en a plus d’un qui court les rues, et il ne faudrait pas chercher longtemps dans nos souvenirs pour y retrouver le type de ces « originaux », qui étaient de véritables