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avait sagement enlevé. À Aix, où le parlement de Provence avait conservé bon souvenir du procès de Gauffridi, on voulut tout à coup évoquer une nouvelle affaire de possession (1731), affaire très-triste, d’une moralité douteuse, et dans laquelle on vit qu’un vieux prêtre avait étrangement abusé d’une pauvre fille hystérique, visionnaire, théomane et souvent hallucinée. La fille, qui se nommait la Cadière, était fort à plaindre et tout à fait innocente ; on la renvoya dos à dos avec son confesseur ; il n’y eut là nulle terreur, nul appareil trop violent ; tout sombra dans le ridicule, on chansonna les deux coupables, on se moqua des parlementaires et des prêtres ; nul n’y gagna, ni la justice, ni la religion.

Cet exemple ne fut pas perdu ; aussi, lorsque les jansénistes appelants de Paris furent atteints de délire, d’extases, de névropathie, lorsque les scènes du cimetière de Saint-Médard firent croire à quelques bonnes femmes que le diable recommençait à faire des siennes, on se contenta de simples mesures de police pour empêcher le scandale de devenir une cause de trouble public, et pendant dix ans (1731-1741) on laissa les convulsionnaires se mettre en croix à domicile, se jeter la tête en bas, se marcher mutuellement sur la poitrine et se donner des coups de bûche sur l’épigastre, à la grande joie de la Condamine qui était très-friand de pareils spectacles ; l’on ne brûla personne, et, faute de persécution, l’épidémie cessa d’elle-même. L’apaisement est fait ; les parlements déclarent, en 1768, que les possédés ne sont que des malades ; Cagliostro aura toute facilité pour évoquer le diable et le mettre en rapport avec le cardinal de Rohan ; Mesmer pourra réunir tous les nerveux autour de son fameux baquet, personne ne s’en occupera, ni les gens du roi, ni le clergé, ni la police. Encore quelque temps et le seul exor-