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femmes vivant en groupe, qui les entraînèrent à de fausses sensations, à des hallucinations de l’ouïe, du toucher et de la vue, qui les agitèrent de transports nerveux excessifs et qu’exaspérèrent jusqu’à la fureur les cérémonies violentes, les objurgations, les pompes religieuses, l’affluence des curieux, l’importance subitement acquise par les malades et la frénésie des exorcistes.

Que, dans ces tristes procès qu’il est inutile de raconter, la jalousie du cloître contre l’église, des ordres anciens contre les ordres nouveaux, ait joué quelque rôle, que des prêtres peu scrupuleux aient abusé de l’état morbide de ces malheureuses, comme on le vit clairement un siècle plus tard dans le lamentable procès de la Cadière, on n’en peut guère douter ; mais le fait acquis, réel, scientifique n’en subsiste pas moins : on était en présence d’une affection névropathique se communiquant par sympathie. Ces femmes, que l’on accusait d’être des possédées ou des fourbes, n’étaient ni fourbes ni possédées : elles étaient malades.

Elles brisaient tout, elles déployaient une force, une adresse surhumaines qu’on ne savait attribuer qu’à l’intervention du malin ; — on ignorait que, dans leurs crises, les névropathiques sont doués d’une agilité et d’une vigueur dont rien ne peut donner idée. Les agitées de Sainte-Anne, prises dans le gilet de force et mises dans les loges de sûreté, coupent avec leurs dents les treillages en fil de fer qui garnissent les fenêtres ; à Bicêtre, en 1870, un aliéné se débarrasse de sa camisole et démolit sa cellule qui est en pierres de taille. — Une influence surnaturelle pouvait seule leur permettre de regarder le soleil sans baisser les yeux ; j’ai vu deux pensionnaires de Bicêtre rester des heures entières les

    satyriasis pour les hommes, est le déchaînement des passions sensuelles et bestiales dans ce qu’elles ont de plus violent.