Lorsque l’on étudie l’histoire de l’aliénation mentale, on reste surpris de voir que les prescriptions de douceur, adoptées universellement aujourd’hui, ont été formulées par les maîtres de la science médicale aux premiers temps de l’ère chrétienne. Arétée de Cappadoce recommande de n’user, pour maintenir les maniaques furieux, que de liens très-flexibles et très-souples, car « les moyens de répression employés brutalement, loin de calmer la surexcitation, ne font que l’exaspérer. » Galien déclare le premier que le trouble des facultés de l’entendement provient d’une lésion des organes de la pensée, qui sont situés dans le cerveau. Les formes de folie qui doivent plus tard envoyer tant de malheureux à la mort sont connues, et un Marcellus de Séide décrit en assez méchants vers les souffrances des malades qui, poussés par leur délire, courent la nuit dans les bois, s’assoient sur les tombeaux et hurlent, comme des chiens, en regardant la lune ; pour le poëte, ce sont des hommes atteints de lycanthropie ; pour le moyen âge, ce sont des loups-garous, et le bûcher les attend.
Il ne faut pas croire pourtant que, dans ces temps reculés, la thérapeutique était irréprochable et conforme au sage esprit d’observation dont plus d’un médecin faisait preuve. Alexandre de Tralles recommande