grégation de la Sainte-Vierge sans réprimer un sourire. Quoi ! l’immaculée par excellence, le type de toute chasteté, celle dont la pureté miraculeuse déjoua les lois inéluctables de la nature, est symbolisée par des vieillardes qui pour la plupart sont arrivées à la caducité à travers tous les désordres de la vie ! Il y a là de quoi surprendre, et, à la Salpêtrière, la congrégation de la Vierge devrait faire place à celle de sainte Madeleine ou de sainte Pélagie.
Ces cérémonies sont bonnes en elles-mêmes ; elles ont un grand éclat et occupent les esprits des pensionnaires, pour qui elles sont une distraction d’un ordre élevé. Lorsque l’aumônier, revêtu d’un costume éblouissant, abrité sous le dais, tenant entre ses mains l’ostensoir de vermeil, passe dans les jardins, les cours et les promenades, précédé par la musique d’un régiment, escorté de ses assesseurs en vêtement de gala, suivi du suisse plus doré que jamais, accompagné par toutes les femmes valides de l’hospice marchant sous leur bannière respective ; lorsque au bruit des fanfares mêlées aux chants religieux, au milieu des fumées de l’encens et des fleurs que jettent les petites idiotes habillées de blanc pour figurer des anges, il s’arrête aux reposoirs préparés, élève l’hostie et donne la bénédiction à la foule, certes le spectacle ne manque pas de grandeur. On aurait tort de le supprimer, ou même de l’amoindrir ; mais pourquoi faire des quêtes à chaque messe ? Ce n’est pas sans éprouver une impression pénible qu’on voit ces pauvres vieilles, réduites presque toutes à des extrémités sans nom, tirer de leur poche leur dernier sou et le mettre en souriant d’une façon contrainte dans la bourse qu’on leur présente. Les frais du culte prélèvent ainsi environ quatre-vingts francs par mois sur la pauvreté. C’est trop, beaucoup trop, et l’administration de l’Assistance publique, en augmentant le budget de la chapelle de la