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des lessives répétées, pénètre dans les voies respiratoires, les irrite, provoque un picotement perpétuel, et finit par amener des affections sinon graves, du moins très-gênantes. Or presque tout le linge qui passe entre les mains des lingères de la Salpêtrière est du linge qui peluche, c’est le mot consacré, et il en résulte pour elles cette sorte d’inconvénient spécial auquel il serait facile de remédier en leur distribuant ces respirateurs en ouate de coton que J. Tyndall préconise et fait adopter avec tant de succès en Angleterre. Cet appareil, très-facile à porter et dont le prix est extrêmement minime, appliqué sur la bouche et sur les narines, arrête au passage les corps étrangers, si imperceptibles qu’ils soient, et ne laisse passer que de l’air respirable absolument purgé de toute matière parasite.

Les femmes de la lingerie se font aider dans leur fatigante besogne par des pensionnaires valides. Comme il faut une certaine vigueur pour manier ces grosses masses de linge, on choisit de préférence les moins âgées, qui sont les épileptiques. Bien souvent, au milieu de leur travail, une de ces malheureuses se lève, pousse cette plainte déchirante qu’on n’oublie jamais quand on l’a entendue une fois, et tombe sous l’impulsion du mal qui la saisit. Ces accidents sont si fréquents, qu’on n’y fait guère attention, et qu’ils semblent faire partie de la vie usuelle. On prend la malade, on l’étend sur un paquet de linge en l’isolant de la muraille et des meubles pour qu’elle ne se blesse pas pendant les convulsions, on desserre ses vêtements et on la laisse là jusqu’à ce que l’attaque ait pris fin, jusqu’à ce qu’elle soit sortie du sommeil qui suit inévitablement de tels accès.

C’est aussi à la Salpêtrière, dans les vastes terrains qu’on nomme le marais, que l’administration a établi le jardin central qui fournit des fleurs aux parterres