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ternes, pour les habitants des villages voisins, exposés par leur métier même à subir quelquefois des accidents redoutables dans les carrières qu’ils exploitent. Nous avons vu là un homme attaqué d’un œdème effroyable, sorte d’éléphantiasis qui lui tuméfie les extrémités, lui gonfle les membres et l’empêche de se mouvoir. Il est suspendu dans un appareil construit exprès pour lui. Il a trente-neuf ans, en voilà quatorze qu’il est dans cet état. Ses ongles poussent, tombent, repoussent comme les feuilles des arbres ; parfois il souffre le martyre et pleure comme un petit enfant. Il aime l’existence et dit : Quand je serai guéri… »

Comme une ville, l’hospice de Bicêtre fait son gaz lui-même, a une usine bien outillée, qui, construite de 1858 à 1860, occupe un emplacement voisin de la chapelle protestante et des salles réservées au repos des morts, aux autopsies et aux ensevelissements. La buanderie, les magasins généraux, la pharmacie, qui est très-amplement pourvue, les celliers, sont en rapport avec l’importance de cette vaste institution hospitalière ; mais la lingerie dépasse tout ce qu’on peut voir en ce genre : c’est un musée de serviettes et de bonnets de coton. Chaque catégorie de linge est pliée d’une façon particulière, par douzaine, et assemblés de manière à former un dessin spécial, de sorte que l’on peut reconnaître à première vue combien on possède de paire de draps, de bas ou de chemises. Ce n’est pas sans un certain orgueil que la surveillants chargée de ce service en montre les détails.

C’est à Bicêtre que l’Assistance publique a installé la vacherie d’où elle tire le lait qui lui est nécessaire pour la consommation des hôpitaux et des enfants assistés. Le seul moyen que l’administration ait encore imaginé pour avoir du lait pur est d’entretenir des vaches et de les faire traire elle-même ; de cette façon,