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semblée que le roi entretient à Paris des ateliers de charité pour 12 000 personnes, indépendamment des ouvriers qui ont été transportés à Saint-Florentin pour travailler au canal de Bourgogne.

En exécution de ce décret, que le roi sanctionna, la municipalité de Paris fut autorisée à faire évacuer le couvent des récollets du faubourg Saint-Laurent, celui des dominicains de la rue Saint-Jacques, et à les convertir transitoirement en dépôts de mendicité pour les mendiants infirmes et en ateliers de travail pour ceux qui seraient valides. On s’occupe fréquemment de ce sujet à l’Assemblée, on fait des théories qu’il est difficile de réduire en axiomes pratiques. Le 15 juillet 1790, la Rochefoucauld-Liancourt s’écrie : « Si le mendiant dit : Faites-moi vivre ; la société répond : Donne-moi ton travail ; » prémisses redoutables si elles eussent été poussées jusqu’à leur conséquence extrême. En octobre 1791, Peuchet propose de les employer au dessèchement des marais, et l’on peut voir que les mauvais jours approchent, car, dans la séance du 20 janvier 1792, on parle de la destruction du brigandage et de l’extinction de la mendicité comme si c’était une seule et même chose.

On s’irrite évidemment contre l’inefficacité des mesures prescrites et, sans en avoir conscience, on fait un retour violent vers le passé ; on revient à l’ordonnance de 1700, et un décret du vingt-quatrième jour du premier mois de l’an II formule cette énormité : « Tout citoyen qui sera convaincu d’avoir donné à un mendiant aucune espèce d’aumône sera condamné à une amende de la valeur de deux jours de travail ; au double, en cas de récidive. » Puis il ajoute : « Toute personne convaincue d’avoir demandé de l’argent ou du pain dans les rues ou voies publiques sera réputé mendiant et arrêté. » Malgré le dénûment des caisses de l’État,