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pris demandant l’aumône sera marqué au fer rouge d’une M sur le bras gauche et condamné à neuf ans de galères ; à perpétuité en cas de récidive.

Tant de menaces et de peines sévères sont inutiles ; le roi de France lui-même le reconnaît et, dans une admirable lettre citée pour la première fois par M. Amédée Renée, Louis XVI, en date du 8 juin 1777, fait de nouvelles prescriptions qui restent sans résultat. « J’ai été vivement affligé, écrit-il à Amelot, de la grande quantité de mendiants dont les rues de Paris et de Versailles sont remplies… aux valides le travail, aux invalides les hôpitaux, et la maison de force à tous ceux qui résistent aux bienfaits de la loy. » Toute la lettre est fort belle et l’on pourrait, aujourd’hui encore, suivre avec avantage les prescriptions qu’elle indique[1].

La Révolution, comme tout violent mouvement social ou politique, amena dans les affaires, dans le travail régulier de l’industrie, une perturbation extraordinaire et jeta sur le pavé des villes une énorme quantité d’ouvriers, que le chômage forcé maintenait dans une misère augmentée par la grande disette de ce temps-là. Le premier décret relatif aux mendiants est rendu le 20 mai 1790 sur la proposition de la Rochefoucauld-Liancourt. Des ateliers de filature pour les femmes et les enfants, des chantiers de terrassement pour les hommes seront ouverts à Paris ou dans les environs ; les invalides et les infirmes seront traités dans les hôpitaux ; les mendiants étrangers seront expulsés de France, et les mendiants venus de la province seront reconduits au lieu de leur naissance avec un secours de route de trois sous par lieue et l’obligation de suivre un itinéraire indiqué (cette disposition de la loi est encore en vigueur aujourd’hui). Le 11 juin, M. de Necker déclare à l’As-

  1. Louis XVI et sa cour, par Amédée Renée ; p. 355-356. 2e édition. — Voy. Pièces justificatives, 1.