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lard, et que celui-ci l’épouserait si elle parvenait à lui faire croire qu’il l’avait rendue mère. On mit à la porte cette ingénieuse personne, qui s’en alla en disant : « Je vous avais donné la préférence ; mais je trouverai ce qu’il me faut ; à Paris, ça n’est pas rare. » Il y a malheureusement tout lieu de croire qu’elle n’a pas eu de longues recherches à faire, et qu’elle a été bientôt pourvue.

Le service des enfants assistés, qui est très-vaste et complexe puisqu’il s’exerce sur l’hospice de la rue d’Enfer, sur tous les départements où les enfants sont envoyés en nourrice, sur tous les corps d’état qui les acceptent en apprentissage, a coûté, en 1869, à l’administration de l’Assistance publique 3 506 131 francs 64 centimes. Cette somme serait plus considérable encore si, comme je l’ai dit[1], on ne s’ingéniait par toute sorte de moyens à secourir les mères indigentes afin de les encourager à conserver leurs enfants. Les résultats obtenus ne sont pas tous aussi satisfaisants qu’on serait en droit de l’espérer. Bien souvent on se heurte à des natures vicieuses, corrompues, que nul sentiment humain n’émeut, ou qu’une faiblesse organique empêche de persister dans la voie du bien. Parmi les femmes qui ont reçu des secours, auxquelles on a payé les mois de nourrice, 156, en 1869, ont abandonné leurs enfants et les ont portés à l’hospice. Il est un fait à constater, et qui prouve que la maternité, comme tout autre sentiment, a besoin d’une sorte d’éducation pour se développer : les abandons ont invariablement lieu dans les premiers mois qui suivent la naissance : 134 dans le premier mois, 13 dans le second, 6 dans le troisième, 2 dans le quatrième, 1 dans le huitième. Lorsqu’elle est accoutumée à son enfant, aux soins qu’il réclame, aux in-

  1. Voy. chap. xix, l’Assistance publique.