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elle devient pesante ; les élèves éprouvent peu à peu le besoin d’une liberté plus grande et d’un supplice moins constant. Trop peu de liberté, pas assez d’inquiétude pour l’initiative personnelle, voilà les obstacles. Conclusion : contrairement à nos idées premières, qui, sur ce point, ont dû se modifier, les enfants agglomérés ne peuvent en moyenne gagner leur vie dans le travail des champs. »

Pendant qu’on essayait avec autant de bonne foi que d’insuccès de faire des colons avec les enfants de bonne conduite, on envoyait les enfants rebelles dans diverses colonies pénitentiaires où leur sort ne parait pas avoir été digne d’envie : à Varègues, dans la Dordogne, chez l’abbé Vedey ; à Montagny, près de Chalon-sur-Saône, chez M. Fournet ; chez l’abbé Béraud, à Blanzy, dans le département de Saône-et-Loire ; aux Cradières, dans la Vienne, chez M. Grousseau ; ces différents envois ont lieu de 1853 à 1855. L’année suivante, Varègues et Montagny tombent en déconfiture ; deux ans après, c’est le tour de Blanzy. Aux Bradières, les évasions sont si fréquentes et ont des résultats si singuliers, qu’on s’inquiète. En effet, les pupilles de l’Assistance se sauvent, mais c’est pour venir se réfugier à l’hospice afin d’éviter les mauvais traitements et de trouver une nourriture suffisante. Une enquête est ouverte, et l’on constate qu’aux Bradières les élèves couchent, hiver comme été, sur la paille, dans des bâtiments en bois, sans vitres et simplement clos avec des volets ; de plus, au réfectoire et sur les travaux, les pauvres enfants étaient accompagnés par des contre-maîtres toujours armés de longues baguettes dont l’usage se devine facilement ; tous les pupilles furent immédiatement rappelés.

En 1855, on avait placé trente jeunes filles indisciplinées à Conflans, dans la maison succursale du Bon-Pasteur d’Angers ; elles s’en échappent, surtout au mo-