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Algérie, près de Bouffarik, la colonie agricole de Ben-Aknoun ; moyennant une rétribution journalière de 75 centimes par enfant de douze à quinze ans et de 50 centimes pour les enfants de quinze à dix-huit ans, il s’engageait à en faire de bons agriculteurs, à leur remettre une somme de 100 francs à leur majorité et à leur faire obtenir une concession de quatre à cinq hectares de terrain. Dès 1851, l’Assistance lui expédia 100 de ses pupilles et 100 enfants indigents pris à Paris avec l’autorisation de leur famille ; on n’avait pas choisi les enfants vicieux, au contraire, et comme l’on concevait de grandes espérances sur le sort de cette colonie algérienne, on avait autant que possible envoyé de bons sujets.

Tout nouveau, tout beau, dit notre vieux proverbe. Pendant les premières années, on s’applaudissait du parti qu’on avait embrassé ; les nouvelles de Ben-Aknoun ne laissaient rien à désirer, et l’on disait volontiers : Il n’y a vraiment que les jésuites qui sachent diriger les enfants. On n’allait pas tarder à déchanter. Vers 1855, les renseignements parvenus à l’administration n’étaient point satisfaisants. En 1856, on peut prévoir déjà une dissolution prochaine. Le 3 juillet 1857, le ministre de la guerre, édifié sur les mérites des élèves du Père Brunauld, déclare qu’il ne leur accordera plus de concession ; en même temps, l’Assistance décide qu’elle n’enverra plus ses pupilles à Bouffarik. En 1858, l’administration de la colonie met les clefs sur la porte, et l’expérience est terminée. Ce qu’il y a de curieux, c’est que le Père Brunauld avait très-nettement vu par où péchait son système ; mais s’il reconnut le mal, il parait qu’il n’en trouva point le remède. Dans le rapport qu’il adresse à l’Empereur sur l’emploi des enfants trouvés de France pour la colonisation de l’Algérie, il dit en propres termes : « La règle est trop vexatoire ; à un certain âge,