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pas employé à un travail manuel est du temps perdu. Les préjugés en cette matière sont singulièrement tenaces, et nous leur devons d’offrir cette anomalie au moins étrange d’un peuple qui ne sait ni lire ni écrire et dont le premier droit politique est l’exercice du suffrage universel. Les instructions religieuses sont moins négligées, et sur 2 745 enfants qui par leur âge étaient arrivés au moment de les recevoir, 2 094 ont pu en profiter.

L’Assistance publique, agissant par les sous-inspecteurs, ne néglige aucun moyen d’enseigner à ses pupilles la grande vertu domestique et sociale qui est l’économie ; elle leur apprend à connaître le prix de l’argent. Du reste, elle prêche d’exemple, et souvent elle a prouvé à quelle somme de résultats importants on pouvait parvenir avec des ressources restreintes bien employées. Le nombre des livrets de caisse d’épargne appartenant aux enfants assistés était, en 1869, de 5 428, représentant la valeur relativement considérable de 394 076 francs 75 centimes. Si de telles habitudes d’ordre et de régularité étaient propagées, développées, entretenues dans la classe ouvrière, le problème social serait bien près d’avoir reçu la solution qu’il sollicite en vain de tous côtés. L’Assistance, qui ouvre des yeux très-clairvoyants sur ses pupilles, qui les suit partout où le sort les emmène, qui ne les abandonne jamais, même devant les tribunaux[1], récompense ceux dont la conduite a été irréprochable. Treize fondations d’importance différente lui ont été léguées pour fournir un petit pécule, un livret de caisse d’épargne, une dot, aux enfants dont on est satisfait ; en 1869, 178 pupilles ont

  1. « Lorsqu’un élève est l’objet de poursuites judiciaires, le sous-inspecteur doit faire toutes les démarches nécessaires afin de lui éviter, s’il est possible, les suites toujours fâcheuses d’une condamnation. » (Instruction générale sur le service des enfants assistés du département de la Seine, 1869, article 82.)