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hâte de le dire, avec celui des hôpitaux, et les filles de service ne peuvent, sous aucun rapport, être comparées aux infirmières. Ce sont pour la plupart des filles de la campagne, des Auvergnates et des Bretonnes, spécialement choisies par les sous-inspecteurs provinciaux des Enfants-Assistés et par eux envoyées à l’hospice de Paris. Elles sont assidues, fort dévouées et forcément désintéressées dans un établissement où les pensionnaires, n’ayant jamais un sou vaillant, ne peuvent donner de pourboire ; mais le nombre en est trop restreint. Chacune en moyenne a dix enfants à soigner, à faire manger, à nettoyer, à changer, à coucher, à endormir. Récemment on a augmenté ce service, mais il reste encore au-dessous des besoins ; les choses se modifieront, il faut l’espérer, et arriveront à l’état parfait ; mais actuellement, lorsqu’on veut porter un remède radical et immédiat au mal constaté, on se heurte à d’insupportables questions d’argent qui paralysent les volontés les plus robustes et font ajourner des améliorations essentielles. Pour ces chétifs enfants, dont bien souvent la vie est près de s’éteindre quand on les apporte à l’hospice, une infirmerie n’est que trop nécessaire. Aussi celle de la maison est vaste, bien distribuée et divisée en deux services : celui de la médecine et celui de la chirurgie. En visitant ce dernier, on est surpris du nombre d’enfants couchés sous des rideaux bleus et dont les yeux sont cachés par une compresse humide : ceux-là sont atteints d’une ophthalmie que trop souvent ils doivent à leur mère. Cette infirmerie est navrante à voir, elle est l’image même de l’abandon. Malgré le va-et-vient des servantes qui s’empressent autour des petits lits, malgré la présence active et bienfaisante des sœurs, qui, là plus que partout ailleurs, sont d’admirables infirmières, l’enfant, au moment où il a le plus besoin d’être soigné et dorloté, est dans une solitude désespérante.