porte le poids ; pour elle seule sont la souffrance et la honte. Le mystère tient sa place dans ce lugubre tableau, et l’on peut se livrer à bien des conjectures romanesques en voyant que vingt-quatre abandons ont eu lieu parce que la mère était dans la nécessité de cacher la naissance de son enfant.
ii. — l’hospice.
Il faut qu’une mère ait une résolution bien fortement chevillée dans l’âme pour oser franchir le seuil de cette maison où l’enfant, son enfant, va peut-être disparaître à jamais. Dans le premier bureau, qu’on peut, sans forcer la vérité, comparer au greffe d’une prison, un commis secrétaire est installé en permanence derrière une table en bois de chêne ; la pièce est bien éclairée, située au rez-de-chaussée et munie d’une sorte de lit de camp garni de toile cirée posé au-dessous d’un crucifix, que je voudrais voir remplacé par le Christ accueillant les enfants : Sinite parvulos ad me venire.
Pendant que j’étais là, compulsant des registres, une femme est entrée. Elle était fort jeune, dix-neuf ans à peine, médiocrement jolie, le nez en l’air, la bouche trop fendue, des yeux bleus très-doux : un type