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fer, abrite une population composée en partie d’artistes inférieurs, de bateleurs, d’ouvriers sans ouvrage et de coureurs de barrières.

Ce ne sont point positivement des marquises et des duchesses qui abandonnent leurs enfants, on peut le croire, et les femmes qui ont ce triste courage appartiennent presque toutes aux plus humbles conditions sociales ; les plus nombreuses sont, — à Paris surtout où la domesticité est une école permanente de démoralisation, — les servantes et les cuisinières, qui entrent dans la statistique générale pour 1 398 ; viennent ensuite les couturières, 917, et les journalières, 418 ; mais des études précédentes nous ont prouvé que toutes les fois qu’une femme de mauvaises mœurs est arrêtée en flagrant délit de prostitution clandestine et qu’on lui demande son état, elle ne manque pas, selon qu’elle est plus ou moins jeune, de se dire couturière ou journalière. C’est donc, pensons-nous, à l’avoir des filles insoumises qu’il faut inscrire le chiffre de 1 335, auquel on peut aussi sans risque d’erreur ajouter le produit de celles qui ont des professions non déterminées, 520, et de celles qui n’ont pas de profession du tout, 135, ce qui donne un total de 1 990 enfants abandonnés issus de femmes vivant de débauche.

Parmi les corps d’état désignés, le plus réservé est celui de parfumeur, qui s’arrête au faible contingent de trois. Le tableau des « causes d’abandon[1] » est sinistre à étudier ; la lâcheté de l’homme y apparaît dans toute sa laideur ; c’est la femme seule, la mère, qui

  1. La principale cause d’abandon, celle qu’on invoque presque toujours, est l’indigence, ou du moins l’impossibilité de subvenir à l’entretien de l’enfant ; 3 321 fois, ce motif a été invoqué par les mères elles-mêmes ; 340 fois, on a constaté le décès de la mère ; 230 fois, elle a disparu, elle s’est sauvée devant la responsabilité qui lui incombait ; 115 fois, on s’est trouvé en présence d’infirmités si graves que la malheureuse était hors d’état de garder son enfant.