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neuve : déjà Henri IV, par ses édits de 1597, 1600 et 1604, avait attribué aux soldats réformés la possession de la maison de la Charité chrétienne (Lourcine) ; Louis XIII, en 1654, avait érigé dans le même but Saint-Jean de Bicêtre en commanderie de Saint-Louis ; de plus, des places de frères lais étaient réservées dans certains couvents aux anciens militaires ; mais ces pauvres diables préféraient sans doute la liberté et les chances de l’aumône, car ils ne se rendirent guère aux maisons qui leur étaient destinées. Un arrêt du conseil, daté du 12 mars 1670, décida la construction de l’hôtel des Invalides, qui était déjà habitable dans les premiers mois de l’année 1674, et cette catégorie de mendiants disparut.

Dans ce temps-là déjà comme dans le nôtre, Paris était pour les malfaiteurs, les vagabonds et les mendiants un centre d’attraction irrésistible. Toute misère y afflue non-seulement de la province, mais de l’étranger. Dès 1688, on est loin de l’époque où l’hôpital général avait refermé ses portes sur les mendiants de la ville, car voilà une ordonnance du 24 mars qui leur commande, sous peine d’être envoyés aux galères, de s’éloigner avant le premier jour du carême prochain ; les mauvaises années arrivent sur la fin du règne, les désastres militaires et les disettes semblent s’être donné le mot pour amoindrir le royaume ; en 1694, on essaye d’installer pour les mendiants des ateliers publics ; les maisons de refuge regorgent et ne peuvent plus recevoir de pensionnaires. La Reynie fait faire, quartier par quartier, le recensement de la population quémandeuse et donne le chiffre de 3 376, y compris les femmes et les enfants[1]. Lister, qui visite Paris en 1698, écrit : « La multitude des pauvres et des misérables est telle, qu’en

  1. P. Clément, la Police sous Louis XIV, p. 48.