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seulement secret, mais absolument mystérieux. Un tour, qui existe encore, quoiqu’il ne serve plus, s’ouvrait près de la porte de l’hospice ; on y déposait l’enfant, on tirait une sonnette d’appel, le tour pivotait sur lui-même, et la maison hospitalière prenait l’enfant sans même chercher à s’enquérir de son origine. Aujourd’hui il n’en est plus ainsi ; à la suite de longues discussions auxquelles ont pris part toutes les autorités intéressées, le tour a été supprimé par la raison qu’il était une sorte d’encouragement à l’abandon ; cette suppression, que je crois regrettable, a peut-être amené bien des infanticides et bien des avortements, mais du moins elle a permis, dans le plus grand nombre de cas, d’établir un état civil régulier pour les enfants. On sait donc d’où ils viennent, et l’on peut constater que les vingt arrondissements de Paris les envoient dans des proportions très-inégales. Le nombre de naissances des enfants abandonnés est presque toujours en rapport avec le genre de population. Si le seizième arrondissement, qui comprend Passy et Auteuil, qui renferme beaucoup de petits bourgeois tranquilles, n’a envoyé que 43 enfants ; — si le septième, qui a les ministères, l’hôtel des Invalides et un grand nombre de couvents, n’est compté que pour 58 ; — si le second, qui est exclusivement composé de quartiers riches, n’en fournit que 83, nous trouvons en revanche des chiffres très-élevés dès que nous passons au quatrième, où s’enchevêtre le réseau des rues mal famées qui avoisinent encore l’Hôtel de Ville, 390 ; — au sixième, où vit la jeunesse des écoles, 442 ; — au dixième, qui, comprenant les faubourgs Saint-Martin et du Temple, donne asile à un grand nombre d’ouvriers, 623 ; — enfin nous arrivons au total vraiment considérable de 805 dans le quatorzième, qui, s’allongeant entre la chaussée du Maine et le boulevard d’En-