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Si excessive qu’elle soit, cette mortalité n’a rien d’invraisemblable ; à la même époque, on constate que, sur 108 enfants envoyés en nourrice en Normandie, il en est mort 101 ; enfin, de nos jours, l’enquête de 1860 n’a-t-elle pas prouvé que la mortalité des enfants assistés est de 87 pour 100 dans le département de la Seine-Inférieure, et de 90 pour 100 dans le département de la Loire-Inférieure.

En 1814, la Bourbe et la maison des Enfants-Trouvés furent séparées en deux services distincts, qui aujourd’hui encore n’ont plus rien de commun. La vieille maison de Port-Royal est devenue la Maternité, et la maison des oratoriens est restée l’hospice des Enfants-Trouvés, ou pour mieux dire des Enfants-Assistés, car c’est ainsi qu’on les désigne administrativement. Une loi du 27 frimaire an V, un arrêté directorial du 30 ventôse de la même année, et enfin un décret impérial du 19 janvier 1811, ont définitivement organisé le service des enfants recueillis par la charité publique. En fait, on ne doit les laisser séjourner à Paris, dans l’hospice de la rue d’Enfer, que le moins longtemps possible ; on les confie à des nourrices de province, à des cultivateurs ; on développe en eux le goût de la vie des champs, on cherche à les attacher à l’agriculture. Pour la conscription, ils sont soumis à la loi commune, et non pas tous forcément destinés au métier de soldat, comme le voulait Napoléon Ier.

De l’heure où ils ont été confiés à l’administration jusqu’au jour où ils ont atteint leur vingt et unième année, ils vivent sous la direction immédiate de l’Assistance, qui a sur eux toute l’autorité que la loi confère aux tuteurs. La tutelle est très-prévoyante et très-active, la surveillance est sérieuse dans les quarante-cinq arrondissements provinciaux où l’on entretient des enfants assistés ; elle s’exerce par 2 inspecteurs principaux, par